Panneaux photovoltaïques : la municipalité va produire
en partie l’énergie qu’elle consomme
Publié le 20 janvier 2022
C’est un projet sur lequel la commission environnement, présidée par l’adjoint André Ballekens, travaille depuis un moment : équiper les bâtiments municipaux en panneaux photovoltaïques. Pour mener à bien cette entreprise ambitieuse et innovante, la municipalité a fait appel aux services de Nicolas Hache, ingénieur en énergies durables, qui a réalisé l’étude de faisabilité pour la société Solener. Les conclusions ont été présentées à l’ensemble du conseil municipal lors d’une réunion en décembre.
Le contexte
En 2020, la facture électrique de la commune s’élevait à 143 000 euros pour 367 mégawatts-heure, soit l’équivalent de la consommation d’électricité de 134 foyers. La part de l’éclairage public s’élève à environ 60% mais quelques sites sont particulièrement énergivores comme le complexe sportif, le restaurant scolaire, la partie moins récente des écoles et l’ensemble mairie/salle des fêtes/maison des jeunes et du citoyen/Eollis. Face à cette consommation, l’installation de panneaux photovoltaïques est intéressante à plusieurs titres : verdir la production d’énergie, amortir la facture et, par ricochet, sensibiliser la population.
Le photovoltaïque, c’est quoi ?
Les panneaux photovoltaïques sont aussi souvent appelés panneaux solaires. Ils permettent de capter l’énergie libérée par le soleil (les photons) pour la transformer en électricité (grâce à un semi-conducteur et la mise en mouvement d’électrons). Comme la lumière du soleil en journée (elle aussi transportée par les photons) c’est une source gratuite qui reste effective même lorsque le ciel est nuageux, bien que diminuée. La pluie est d’ailleurs intéressante pour ce type d’installation : elle permet de laver les panneaux et ainsi garantir une production maximale lorsque le soleil brille de nouveau.
Un autre aspect intéressant est qu’en étant installés sur les toitures inutilisées d’édifices déjà construits, les panneaux photovoltaïques n’ont pas d’emprise sur le sol. Ils permettent de déployer l’énergie renouvelable sans toucher au foncier et, pour le cas de Phalempin, sans construire de nouveaux réseaux de distribution (voir Autoconsommation collective, ci-dessous). De plus, les cellules photovoltaïques sont aujourd’hui des technologies éprouvées et hautement recyclables, à hauteur de 95% (verre, aluminium et cuivre). Les panneaux solaires prévus sont garantis 30 ans pour la production d’électricité et restent donc valables « un peu plus au delà de la garantie, soit entre 30 et 40 ans de durée de vie estimée, souligne Nicolas Hache. Un capteur actuel perd 0,5% de rendement par an ».
En autoconsommation collective
La loi permet depuis peu à des groupes de particuliers ou aux collectivités territoriales de consommer directement l’électricité qu’ils ou elles produisent. Cette électricité peut être autoconsommée par le bâtiment où est installée la centrale solaire et alimenter également d’autres sites dans un rayon de 2 km. Auparavant, il fallait en revendre l’intégralité pour ensuite la racheter. C’est-à-dire que l’électricité produite à Phalempin grâce aux panneaux photovoltaïques installés sur les bâtiments municipaux sera consommée localement. C’est une évolution très intéressante qui permet d’amortir la facture d’électricité (voir Quelles économies ?).
Dans le cadre du projet actuel, 100% de l’énergie sera consommée et un complément d’électricité, telle qu’elle est fournie aujourd’hui, restera nécessaire. Il est encore trop tôt pour connaître la balance. Dans un avenir idéal, il est cependant possible que les collectivités territoriales revendent le surplus aux fournisseurs, voire aux particuliers à des tarifs contenus. Il faudrait alors que les surfaces de panneaux photovoltaïques soient très importantes. Les élus phalempinois indiquent qu’ils sensibiliseront les promoteurs quant à de futurs projets immobiliers sur la commune.
Où installer les panneaux et selon quel calendrier ?
Tous les bâtiments municipaux ont été passés au crible dans l’étude de faisabilité. Trois se prêtent particulièrement bien à l’exercice (exposition, structure du toit, surface exploitable…) : la salle des fêtes, les écoles et l’église. « Cette dernière est écartée d’office », commente le maire Thierry Lazaro. La mise en sécurité du chantier serait coûteuse et il s’agirait pourquoi pas d’attendre que l’intégration esthétique des panneaux puisse être plus discrète. On pourrait s’étonner de ne pas voir parmi ces bâtiments les futurs ateliers des services techniques, dont la surface de toit est importante. C’est que la nature de ce toit ne permet pas l’installation des panneaux et une adaptation serait beaucoup trop coûteuse. D’autres toits pourront un jour être adaptés comme ceux de la maison des jeunes et du citoyen ou d’Eollis.
La salle des fêtes dont la toiture a été récemment rénovée sera la première équipée, « l’idée est que nous puissions commencer dès 2022 », précise Thierry Lazaro. Une ombrière de parking avec un toit en panneaux photovoltaïques sera également installée sur le parking de l’école Les Viviers. Cette solution a l’avantage de pouvoir être multipliée facilement pour peu que l’exposition le permette (comme au parking de la gare). Seul bémol : « Mieux vaut les mettre à côté d’un site qui consomme beaucoup », note Nicolas Hache. Après cette première opération, « nous ferons un premier bilan », observe le maire. « Il ne s’agit pas de dire du jour au lendemain ‘On va tout faire tout de suite’, il faut du temps ». Pourront ensuite être équipées les écoles, mais des travaux de rénovation des toitures des bâtiments plus anciens devront préalablement être faits.
Quelles économies ?
« Pour réaliser l’ensemble du projet, il y aurait des travaux inhérents donc la rentabilité serait relative », rappelle le maire Thierry Lazaro. Déjà prévue, la rénovation des toits des anciens bâtiments des écoles est à elle seule estimée à 180 000 euros. De plus, un léger flou s’installe mais sera prochainement clarifié quant à l’avenir des subventions allouées par la Région à ce type de projet. « Nous sommes conscients que nous entrons dans un nouveau cycle : nous y participons ou nous n’y participons pas », note le maire, sensible aux choix que doivent aujourd’hui réaliser les collectivités territoriales pour participer à la baisse de la pollution.
Les élus doivent aussi faire face aux réalités économiques. « Nous sommes prêts à jouer le jeu et à accélérer le moment, mais nous devons aussi considérer les dotations qui nous sont attribuées par l’État, en baisse de 300 000 euros chaque année. Si l’État nous dit demain qu’il les baisse encore, cela deviendra pour nous compliqué d’agir seuls. » Comme pour chaque projet phalempinois, les élus et les services municipaux iront chercher toutes les subventions possibles. En dehors de ces subventions et s’il peut être très aventureux de se projeter sur une telle période, le bilan comptable pourrait s’élever à environ 350 000 euros d’économies au bout de 30 ans si le photovoltaïque était installé sur le toit de la salle des fêtes, ceux de l’école maternelle, du préau des écoles ainsi que sur une ombrière de parking. Après soustraction des 212 000 euros estimés d’installation des panneaux photovoltaïques et hors adaptations ou rénovations de toitures potentiellement nécessaires.
Alors que les coûts de l’énergie commencent à flamber, il est déjà raisonnable de considérer que l’autoconsommation permettra à la collectivité d’obtenir son électricité à un prix fixe, non soumis à l’inflation, pendant une période donnée et selon les contrats qui seront réalisés. Avec une attention plus particulière portée aux consommations d’électricité des bâtiments, la collectivité en aura une meilleure connaissance et pourra être plus vigilante sur sa maîtrise. Enfin, la production d’une électricité décarbonée sera appréciable pour l’environnement.