1921-2021 : Centenaire du Monument aux Morts
Publié le 13 juillet 2021.
Apparus en France après la guerre franco-prussienne de 1870-1871, les monuments aux morts ont été élevés dans leur grande majorité à la suite de la Première Guerre mondiale (1914-1918). Ils ont été ou sont parfois encore commandés par les collectivités territoriales, principalement les communes, qui y gravent les noms de leurs morts pour la France, y compris ceux des conflits récents ou en cours. A Phalempin, le monument aux morts a été inauguré en 1921 : du haut de son piédestal au centre du village, la statue a été le témoin d’un siècle de vie. Elle a elle-même eu une existence un peu mouvementée…
Une commission dédiée
« C’est lors d’une délibération du 22 juin 1919 que le conseil municipal nomme une commission chargée de faire le nécessaire pour l’érection du monument aux enfants de Phalempin morts pour la France, note l’adjoint André Ballekens, s’appuyant sur ses archives personnelles et les travaux de la Société historique. Elle est composée de 14 membres : Monsieur Desmazières, maire ; C. Mariage, P. Morel, Henri Delcroix, Édouard Bassery, A. Deletombe, R. Willemot, A. Santré, Ultré, Gadenne, curé, Laforce, Wartelle, J. Pipelart et R. Desprez. » Suite aux élections municipales des 30 novembre et 7 décembre 1919, le nouveau conseil municipal avec à sa tête Henri Delcroix confirme cette commission le 28 février 1920. Seul P. Morel est remplacé par A. Devilder.
« L’emplacement retenu sur la petite place devant l’église permet au monument d’être visible à 200 mètres en arrivant de l’actuelle rue De Gaulle, à 250 mètres depuis la rue Dupuis et à 300 mètres depuis la rue Lebas« , poursuit André Ballekens.
Une statue en fonte bronzée
La réalisation du monument est confiée à la maison Ed. Buisine, sculpteur rue Solférino à Lille, pour un total de 21 750 francs, hors gravure des noms. Le soubassement est en pierre de Soignies ciselée et la statue en fonte bronzée. D’une hauteur de 1,75 m, cette dernière représente un Poilu et est signée Richefeu, sculpteur à Paris. Elle s’intitule « La Victoire en chantant » et, issue d’un catalogue, a été reproduite dans plusieurs dizaines de communes en France.
Après la Grande Guerre, « il est proposé à la commune de Phalempin la possibilité d’obtenir à titre gracieux des trophées de guerre, les frais de transport restant à la charge du demandeur, précise André Ballekens. C’est ainsi qu’en mai 1921, le maire Henri Delcroix fait la demande de deux canons allemands de 77 millimètres et de quatre obus de 280 millimètres« . Les canons sont placés de chaque côté du portail de l’église et les obus aux quatre angles du monument aux morts.
L’inauguration
Le monument est inauguré le dimanche 17 juillet 1921. Le quotidien régional « La Dépêche » raconte alors l’événement :
« À trois heures, les sociétés se portent près de la mairie, ou déjà ont pris place : MM Delcroix, maire de Phalempin ; Borde, conseiller de préfecture, représentant le préfet du Nord ; le commandant Grammont du 43e ; Georges Lefebvre, président de la société de secours mutuel de Phalempin. Le docteur Eloy, adjoint au maire ; Mariage, président du comité du monument ; Ultrez, président du comité des fêtes ; le chanoine Régent, aumônier du 1° corps.
Les sociétés se groupent de plus en plus nombreuses ; il y a là un piquet d’honneur du 43e, la musique, les pompiers et les sociétés de gymnastique de Phalempin, un groupe imposant d’enfants des écoles, le groupe des anciens combattants, puis les pompiers de Seclin, la musique des pompiers de Leforest, l’UNC de Pont à Marcq, de Gondecourt, de Chemy, de Camphin en Carembault, de Wahagnies, d’Attiches et de Libercourt, les pompiers de Wahagnies, la musique des pompiers de Libercourt, d’Ostricourt et de Tourmignies.
Après la revue des sociétés, le cortège se rend sur la place de l’église, ou une très nombreuse foule s’est massée. On découvre le monument, qui représente un « Poilu », un fantassin s’élançant à l’assaut dans un magnifique élan, personnifiant « Victoire en chantant ». Des discours sont prononcés par MM Mariage, Delcroix, Bordes, Pipelart, président de l’UNC et le chanoine Régent.
Cette belle fête s’est terminée par plusieurs concerts. »
Disparitions et déménagements
« Par la suite, les deux canons ont dû être fixés avec des chaînes car des plaisantins s’amusaient régulièrement à les déplacer, relate André Ballekens. En 1940, à l’arrivée des Allemands, ils disparaissent« . Les obus sont vendus à un ferrailleur de La Neuville et le monument est déplacé en août 1958 pour rejoindre la placette située près de l’auberge le Cheval Blanc.
En février 2012, à l’instigation du conseil municipal et suite à l’initiative de l’adjoint à l’Environnement et au Cadre de Vie André Ballekens, la commission décide l’aménagement d’un nouvel emplacement plus proche de la mairie mais surtout plus propice au recueillement. La proximité de la route empêchait d’exercer convenablement tout devoir de mémoire envers les valeureux soldats tombés pour la France.
Après le déménagement de 2012, en présence de MM A. Ballekens, S. Dhennin, G. Leignel, A. Lefebvre et C. Lemière.